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Un éclat argenté vint se refléter sur la proue du Faucon. Il était comme suspendu au-dessous des nuages, à environ trois kilomètres devant, et disparut dans le brouillard avant même que Yan ait pu l’identifier.

— Vous avez vu ça ? s’exclama-t-il, les deux mains calées sur la planche de contrôle. (Avec ses bandes de brume grisâtre flottant sous un ciel bas et gris et ses arêtes de corail yorik recouvertes de plantes grimpantes qui émergeaient d’une vaste forêt ondoyante, Borao s’avérait une planète extrêmement dangereuse à cartographier. Mortelle, même.) Qu’est-ce qu’un autre vaisseau fiche ici ? Tu m’avais dit que la planète était abandonnée !

— Elle l’est, mon chéri. (Leia jeta un coup d’œil sur la console située face au siège du copilote. Puis elle secoua la tête de dégoût à la vision des images fixes sur l’écran de contrôle.) Les capteurs ne discernent absolument rien à travers ces foutus nuages ionisés. Mais nous savons quel type de vaisseau c’était.

— Et après, tu dis que c’est moi qui tire des conclusions trop hâtives ! (Malgré son ton de protestation, Yan était plutôt angoissé. Depuis l’adoption de la Loi d’Assainissement des Planètes Abandonnées, les vaisseaux-laboratoires étaient plus nombreux que les étoiles à travers la galaxie.) C’est peut-être un navire de contrebande ou un appareil pirate, tu sais. Un endroit comme celui-ci constitue une planque idéale.

Leia étudia un instant les données sur son écran de visualisation avant de hocher la tête.

— Impossible. Regarde.

La silhouette conique et noueuse d’un skiff de reconnaissance Kœnsayr apparut sur l’écran de la caméra arrière.

— Il nous suit !

— On dirait bien, en effet, répondit Leia. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est pas là depuis très longtemps. Sinon, je l’aurais déjà repéré. Malgré la non-visibilité de nos capteurs à longue portée, j’ai pu garder un œil sur les caméras extérieures.

— Bien joué. (Yan adressa un grand sourire à Leia, dont le visage se reflétait sur la verrière du cockpit. Elle s’était impliquée corps et âme dans son nouveau rôle de capitaine en second du Faucon et comptait aujourd’hui parmi les meilleurs copilotes de YT-1300 que l’on puisse trouver.) C’est ce que j’aime en toi.

Leia lui rendit un sourire lumineux.

— Quoi ? Que je suis aussi belle qu’intelligente ?

— Tu es vraiment une excellente copilote. (Yan activa la manette des gaz et les cimes boisées commencèrent à disparaître sous leurs pieds, au point de ne devenir qu’une vaste masse verdoyante.) Maximise les boucliers arrière. Kœnsayr vient juste de livrer une flotte armée de cartographes à RePlanetHab, alors inutile de dire que ça peut se corser.

Leia ne fit qu’observer la manette des gaz.

— Bon Dieu, Yan, qu’est-ce que tu fais ?

— J’en ai ma claque de me faire titiller par ces pilotes de RePlanetHab. Ils me font passer pour un vieillard.

— Ne sois pas ridicule, veux-tu, dit Leia. Tu viens à peine de rentrer dans la soixantaine.

— C’est bien ce qui m’ennuie, rétorqua Yan. Sous prétexte qu’un type a les tempes un peu grisonnantes, les gens croient qu’il est à la retraite et qu’ils peuvent impunément lui chercher des noises…

— Yan, personne ne croit que tu es à la retraite. (La voix de Leia se fit plus douce.) Et il te reste au moins quarante belles années devant toi. Peut-être même cinquante, si tu daignes prendre un peu soin de toi.

Une voix électronique guindée se fit entendre de la station de communication juste derrière Leia.

— Et si je puis me permettre, personne ne peut remarquer vos cheveux gris à cette distance. (C-3PO vint placer sa tête dorée dans la vision périphérique de Yan.) Quelle que soit la raison pour laquelle les autres pilotes vous croient à la retraite, je suis persuadé que la couleur de vos cheveux n’a rien à voir là-dedans.

— Merci infiniment, 3PO, grogna Yan. Il faudrait peut-être déconnecter tes programmes de vocabulaire avant que quelqu’un ne vienne les trifouiller avec une torche plasma.

— Une torche plasma ! s’écria C-3PO. Pourquoi diable ferait-on une chose pareille ?

Yan ignora le droïd et dirigea le Faucon à l’intérieur d’une mince volute de nuages flottant à faible altitude. Normalement, il l’aurait contournée pour éviter de heurter l’une de ces arêtes étranges que les Yuuzhan Vong avaient volontairement éparpillées sur la surface de la planète. Mais la manœuvre aurait nécessité un deuxième vol de reconnaissance et ils n’avaient tout simplement pas de temps à perdre – du moins, s’ils voulaient prendre ces suiveurs à leur propre jeu.

Lorsque le Faucon ressortit du nuage, sain et sauf, leur passager lâcha un soupir de soulagement et glissa sa tête en forme de T entre les sièges.

— Capitaine Solo, rien ne vous oblige à prendre autant de risques. (Ezam Nhor s’exprimait avec une bouche située de chaque côté de son cou en arc de cercle. Ce qui conférait à sa voix d’Ithorien un effet stéréo quelque peu mélancolique.) La loi stipule que lorsque deux parties revendiquent les mêmes territoires, l’Autorité de Reconstruction se doit d’accorder les pleins pouvoirs à celle disposant des meilleures ressources. Mon peuple n’a pas les moyens suffisants pour faire face à un quelconque conglomérat. Encore moins s’il s’agit de RePlanetHab.

— Vous êtes encore jeune. Vous ne devez donc pas être au courant, le coupa Yan. Mais je n’ai pas vraiment l’habitude d’obéir aux règlements.

Une espèce de chuintement angoissé s’échappa des deux gorges de l’Ithorien et Leia tendit le bras en direction de Yan.

— Yan, je déteste perdre face à ces chapardeurs de territoires autant que toi, mais Ezam a raison. Les Ithoriens n’ont pas les moyens de…

— Borao n’est pas facile à cartographier. Mais on a une bonne longueur d’avance.

— Et ?

— Et l’Autorité de Reconstruction doit consigner chaque revendication qu’elle reçoit. (Yan ramena le manche à lui et l’appareil commença à grimper au-dessus de la masse de nuages à l’approche.) Si Lando accepte de nous parrainer, alors il nous reste encore une chance. Il suffit juste de leur refourguer notre carte les premiers.

Leia demeura silencieuse.

— OK, la chance est minime, fit Yan. Mais c’est mieux que rien. Et on a déjà relevé des paris bien plus dingues, non ?

— Yan…

— Et puis Luke peut peut-être demander à Cal Omas de nous filer un coup de main, ajouta-t-il. Ça nous permettrait de…

— Yan ! (Leia lui prit la main et fit ralentir le Faucon, stoppant ainsi son ascension.) On n’a pas le temps de recalibrer les scanners.

— Tu n’es pas un peu cinglée ? Si, tu l’es. Complètement frappée !

— Je croyais que tu voulais gagner ?

— Je le veux toujours, fit Yan. Mais pour ça, on doit rester en vie.

— Le capitaine Solo a entièrement raison, ajouta C-3PO. Si nos capteurs ne sont pas en parfait état de marche, nos chances de heurter une tour de guet abandonnée sont approximativement de…

— Ne me dis pas quelles sont mes chances, 3PO, rétorqua Leia. J’ai besoin de me concentrer.

Elle focalisa son attention sur le mur grisâtre situé juste en face et d’où des volutes de brouillard commencèrent à se desquamer. Yan songea un instant à se moquer des talents météorologiques de sa Jedi d’épouse, mais se ravisa aussitôt en se rappelant comment elle venait de rembarrer le droïd. Après tout, son entraînement n’était encore qu’occasionnel. Et lorsque qu’elle affirmait avoir besoin de se concentrer, mieux valait la croire.

Leia ouvrit soudain un long couloir en plein milieu de la masse nuageuse. Une sorte de canal étroit, à peine plus large que le Faucon.

La voix électronique de C-3PO mit fin au silence tendu.

— Oh, Seign… !

— Calme-toi, 3PO ! aboya Yan. Leia a besoin de se concentrer.

— J’en suis tout à fait conscient, Capitaine Solo, mais la voie qu’elle vient d’ouvrir a engendré un petit gouffre à travers l’interférence ionique. Il semble que nous sommes en train de recevoir une communication intra-système en provenance de Maître Durron.

— Prends le message, ordonna Yan. (Dans le reflet du cockpit, il aperçut une ride se creuser sur le front de Leia, et des couches de brouillard commencèrent à se répandre à l’intérieur du canal.) Et cesse de nous importuner, veux-tu !

— Je suis désolé, Capitaine Solo, mais c’est impossible. L’interférence ionique revient à la charge et notre réception est trop faible pour que je puisse l’enregistrer. Si vous pouviez grimper de quelques mètres, je pourrais peut être utiliser mes brouilleurs de données afin d’améliorer le signal.

— Pas maintenant ! (Le brouillard les engloutit totalement. Incapable d’y voir quoi que ce soit, Yan se tourna vers Leia.) Si tu crois que c’est trop dur…

— Tout ira bien, à condition que tu me laisses tranquille ! s’exclama-t-elle. Tu veux gagner cette bataille, oui ou non ?

— OK, OK. Pas besoin de devenir susceptible.

Han regarda droit devant lui et le brouillard s’écarta une nouvelle fois.

— Voilà qui est beaucoup mieux, lâcha C-3PO. Merci, Princesse Leia. Maître Durron m’a l’air bien remonté.

La voix de Kyp crépita dans les haut-parleurs.

— … faire fondre tes circuits, tas de ferraille !

— Du calme, gamin. On te capte, fit Yan. Et ça a intérêt à être une bonne nouvelle.

— Mille excuses, fit Kyp. J’aurais aimé pouvoir attendre mais je ne fais que passer avant de filer pour Ramodi.

— L’anneau de baradium ? demanda Yan. Je croyais que c’était Tesar Sebatyne qui devait s’en charger ?

— Excellentes suppositions. Seulement, il est arrivé quelque chose.

— De plus important que la contrebande de baradium ?

— Difficile à dire, rétorqua Kyp. A votre retour, le conseil veut vous voir filer pour le système Maltorien.

— Gentil à eux de nous le demander, grommela Yan dans le micro.

— C’est exactement ce que je suis en train de faire, répondit Kyp. La nature même du conseil est de donner des ordres. En particulier à vous deux.

— Sans blague ? fit Yan. Qu’est-il arrivé à Zekk ? Il va bien ?

Il y eut une longue pause et Yan crut instant qu’ils avaient perdu le signal.

— Kyp ?

— Zekk va bien, répondit Kyp. Mais il a dû partir.

Les alarmes se déclenchèrent dans le crâne de Yan.

Jaina leur avait parlé d’un appel mystérieux qu’elle et les autres membres du commando Jedi avaient perçu en provenance des Régions Inconnues.

— Ecoutez. (La voix de Kyp se mit à grésiller.) Nous ne voulons pas nous répéter, mais cette fois-ci, c’est très important. RePlanetHab est sur le point de cesser de soudoyer les pirates.

— Faut que j’en parle à Leia. Le procès de Redstar va bientôt finir et on espérait rattraper notre retard avec Jaina avant qu’elle prenne, une fois de plus, la poudre d’escampette.

Il y eut un nouveau silence interminable. Mais cette fois, Yan décida d’attendre que Kyp se manifeste. Une masse obscure et verte fit son apparition à l’autre bout du couloir de brume que Leia s’évertuait à maintenir ouvert.

Kyp finit par réagir.

— Euh, je crois qu’il vous sera difficile de voir Jaina.

— Oh non ! fit Yan. Ne me dis pas qu’il lui est arrivé quelque chose ? (En face, la bande de brume voilée s’épaississait, revêtant la forme d’un filet net et tranchant.) Dans les Régions Inconnues, je parie ?

— Eh bien… pile dans le mille.

— Merci de nous avoir tenus au courrant, grogna Yan.

(Il avait pour habitude de ne pas s’en faire au sujet des missions de Jaina. En tant que pilote d’élite et Chevalier Jedi, sa fille pouvait faire face à n’importe quel problème à travers la galaxie. Mais les Régions Inconnues étaient différentes. Elles étaient le théâtre de centaines de milliers d’horreurs, bien trop effrayantes à imaginer.) Quel est le topo ?

— On ne le sait pas vraiment, dit Kyp. Mais, il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Maître Skywalker est parti enquêter avec Mara et Saba.

Maintenant, Yan était réellement inquiet. Pour envoyer pas moins de trois Maîtres Jedi, alors que l’ordre perdait quotidiennement ses forces vives, il fallait que la situation soit extrêmement sérieuse.

— Très bien, mon grand, lança Yan. (La masse obscure au fin fond du canal de brume s’était muée en un pic de corail yorik.) Qu’est-ce que tu ne nous dis pas ?

— Moi ? Rien.

Yan garda le silence.

— Je vous ai déjà parlé des Chiss ? finit par demander Kyp.

Soudain, Leia perdit sa concentration. Le brouillard se mit à tourbillonner dans le canal, juste en face du Faucon. Yan relâcha la manette des gaz… et reçut une sorte de taquet, comme si quelque chose venait de heurter le vaisseau. Toutes les alarmes se déclenchèrent en cœur sur la console de contrôle.

— Qu’est-ce que c’était que ça ? demanda Nhor, situé juste derrière lui. On s’est crashé ?

— Pas exactement, rétorqua Yan. Reste à l’écoute, mon grand. On a quelques petits problèmes ici, fit-il dans le micro.

— Message reçu… Prenez votre temps.

Yan jeta un œil sur l’écran de la caméra arrière mais n’y vit rien d’autres qu’une série d’images fixes.

— Quelque chose nous est rentré dedans.

— Le skiff de reconnaissance ?

— Il nous suivait, dit Yan. J’ai horreur de ça.

— Oh, Seigneur, s’écria C-3PO. J’espère qu’il n’y a aucun blessé !

— Ça ne leur ferait pas de mal, grommela Yan. (Il activa l’intercom et ordonna aux gardes du corps Noghri de Leia, Cakhmaim et Meewalh d’aller se positionner dans les tourelles.) Surtout, n’ouvrez pas le feu. Dites-moi juste ce que vous voyez à l’arrière.

Yan de tourna vers Leia et comprit, à ses lèvres pincées, qu’elle avait tout entendu de sa conversation avec Kyp. Il coupa l’intercom et réactiva le micro extérieur.

— OK, mon grand. Dis-nous-en plus sur les Chiss.

— Ce n’est pas aussi mauvais que ça en a l’air. (Kyp leur glissa deux mots au sujet de la visite de l’Aristocra Tswek et la « proposition » de Cal Omas d’envoyer Luke régler le problème en personne.) Maître Skywalker savait que vous seriez inquiets, alors il a demandé à Cilghal de vous remplacer sur le dossier Maltorien. Je ne voulais vraiment pas…

Une secousse ébranla le Faucon et une nouvelle alarme se mit à hurler. Cakhmaim les informa que, bien qu’endommagé, le skiff de reconnaissance était en train de leur tirer dessus.

— Qu’est-ce que tu attends pour riposter ! ordonna Yan. Kyp, tu vas encore devoir…

— Patienter, je sais, s’excusa Kyp. Faites attention à vous.

— J’ai une meilleure idée. Yan actionna la manette des gaz et accéléra à travers le brouillard, puis il demanda à Leia : Tu crois que tu peux encore faire ce truc avec la brume ?

— Oui, répondit Leia. (Un grognement sourd fit vibrer le Faucon tandis que Meewalh et Cakhmaim positionnaient les énormes canons laser.) Mais pourquoi ne pas prendre de l’altitude et combattre avec une meilleure visibilité ?

Yan laissa échapper un petit sourire narquois.

— Tu n’as pas vu ce fichu pic, là-haut ?

— Bien sûr que je l’ai vu, lâcha Leia avec le même sourire narquois. J’aime ta façon de penser, beau pilote.

— Et quelle est-elle ? demanda Nhor. Que diable allons-nous faire ?

— Vous verrez bien, dit Yan. Attachez vos ceintures !

Leia se focalisa à nouveau sur le brouillard, tandis que la cime verdoyante d’un piton rocheux recouvert de plantes grimpantes émergeait au bout du canal. Si Yan parvenait à freiner à la dernière seconde, le skiff lancé à leurs trousses n’aurait pas le temps d’éviter l’obstacle.

— Non ! s’écria l’Ithorien avec ses deux bouches. Dites à vos canonniers de cesser le feu !

— Cesser le feu ? répéta Yan. (Le pic était aussi large que sa main à présent et il commençait même à distinguer les taches sombres de corail dissimulées derrière la masse de plantes grimpantes.) Vous êtes malade, ou quoi ? Ils sont en train de nous tirer dessus !

— Ce n’est pas grave. (La voix paniquée de Nhor devint encore plus perçante.) Mon peuple ne pourrait jamais s’installer sur une planète gagnée par le meurtre.

— Ce n’est pas un meurtre, objecta Yan. C’est eux qui ont commencé. On ne fait que se défendre.

— Il y a une grande différence entre se défendre et tuer, fit Nhor.

Yan ne put cacher son impatience.

— Ecoutez, si c’est ce que vous pensez, alors les Ithoriens ne trouveront jamais de planète à habiter. (Désormais, le piton était aussi gros que son bras ; cinq secondes de plus et le skiff de reconnaissance n’aurait plus aucune chance.) Dans cette fichue galaxie, il faut se battre pour obtenir ce qu’on veut.

— Les miens pensent qu’il y a déjà eu suffisamment de combats comme ça. Nhor fit une pause avant de préciser : si vous tuez vos rivaux, les Ithoriens ne s’installeront nulle part.

— Ezam a raison, Yan, ajouta Leia. (Tout en continuant de fixer le brouillard, elle serra le bras de Yan.) On ne peut remporter cette bataille.

— OK, OK. (Yan tira sur le manche à nouveau et le Faucon prit son envol au-dessus des nuages de Borao.) Les chapardeurs de planète ont encore gagné.

— Désolé de l’apprendre, dit Kyp à travers le micro. Quoi qu’il en soit, vous avez carte blanche dans la ceinture Maltorienne. Vous n’y tomberez pas sur une zone grise peuplée de pirates.

— Pas si vite, mon gars. Nous n’avons pas donné notre accord.

— Mais Jaina…

— Est partie pour les Régions Inconnues, je sais, rétorqua Yan. C’est bien le problème. Laisse-nous une minute, tu veux bien ?

Leia désactiva la communication, puis demanda :

— A quoi tu penses ?

— Tu sais très bien à quoi je pense, coupa Yan. (Bien qu’il ne l’ait jamais avoué, Yan aurait aimé partir au secours d’Anakin sur Myrkr. Il savait aussi que cela n’aurait fait aucune différence et qu’ils auraient fini par se faire tuer tous les deux.) Et tu penses exactement à la même chose.

— Supposons, soupira Leia. Mais tu sais bien que ça ne sert à rien d’aller les chercher.

— Les chercher ? demanda Yan. Jaina et Lowie et…

— Et Jacen. (Leia ferma les yeux, et le visage de son fils apparut au milieu des étoiles.) J’ai l’impression étrange qu’il est en route, lui aussi.

— Ça fait une autre raison d’y aller, dit Yan. Cinq ans, c’est trop long.

— Tu sais bien que c’est plus un défi pour nous-mêmes, dit Leia. Nos enfants sont plus habitués à ce genre de choses, désormais.

— Ouais, fit Yan. Mais que peut-on faire d’autre, hein ? Coller le train à RePlanetHab ? Partir en quête d’une nouvelle planète abandonnée pour qu’ils puissent impunément la voler au nez et à la barbe des Ithoriens ?

Leia ferma les yeux. Peut-être cherchait-elle à atteindre ses enfants à travers la Force. A moins qu’elle ne demandât à son propre cœur de la guider. Elle finit par rouvrir les yeux et écarta de nouveau la masse brumeuse.

— Désolé, Kyp, mais nous ne pouvons te venir en aide, dit-elle. Yan et moi avons d’autres plans.